En France, le jeu vidéo s’impose comme un loisir numérique majeur et incontournable. En 2024, plus de 38,3 millions de Français jouaient aux jeux vidéo, ce qui représente environ 52 % de la population totale. Cette pratique s’est généralisée et diversifiée, touchant toutes les catégories d’âge. Le rapport « Les Français et le jeu vidéo» réalisé par le Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs (SELL) en Octobre 2024, analyse le profil des joueurs, leurs pratiques ainsi que leurs habitudes de consommation. Cette étude, réalisée en collaboration avec Médiamétrie, a été menée en ligne auprès d’un échantillon représentatif de la population française, composé de 4005 individus âgés de 10 à 80 ans. Voyons ce qu’elle nous apprend réellement…
Les Français sont nombreux à pratiquer les jeux vidéo
Les Français pratiquent les jeux vidéo de manière régulière, avec 75 % des joueurs qui jouent au moins une fois par semaine. Près d’un joueur sur deux joue quotidiennement ou presque, reflétant ainsi un fort engagement envers cette activité. Le temps moyen consacré au jeu est de 7 heures et 17 minutes par semaine pour les joueurs réguliers. La pratique est soutenue par une accessibilité accrue des supports de jeu, la console restant le support le plus utilisé par 54 % des joueurs, suivie par le smartphone (38 %) et l’ordinateur (28 %). En moyenne, un joueur utilise 2,2 supports différents pour jouer.
Les motivations des joueurs sont diverses et mettent en avant le jeu vidéo comme un outil de divertissement et d’évasion. En effet, 93 % des joueurs affirment jouer pour se divertir et s’amuser et comme un moyen d’évasion du quotidien. Par ailleurs, le jeu est perçu comme un vecteur de convivialité, puisque 68 % des joueurs déclarent jouer pour passer un moment agréable avec d’autres personnes. Cette dimension sociale est renforcée par l’attrait pour les jeux multijoueur et les communautés en ligne.
L’analyse par tranche d’âge montre des pratiques distinctes.
Les enfants âgés de 10 à 17 ans représentent 16 % des joueurs. Chez les jeunes de 10 à 14 ans et de 15 à 17 ans, la pratique est particulièrement forte, avec 94 % d’entre eux qui jouent aux jeux vidéo. 60% d’entre eux jouent tous les jours dont parmi eux 25 % d’entre eux qui jouent plusieurs fois par jour.
Les jeunes adultes âgés de 15 à 24 ans, constituant la génération Z, forment une autre catégorie particulièrement « joueuse », représentant 19 % des joueurs avec une moyenne d’âge de 20 ans. Ils jouent en moyenne 6 heures et 56 minutes par semaine, 24% jouent plusieurs fois par jour et 31% tous les jours ou presque et jouent à l’ensemble des genres de jeux tels que les jeux Casual* et sur mobile (36%), les jeux multijoueur en ligne (34%), Les jeux de plateformes (33%), les jeux de rôle (32%) et les jeux de stratégie (32%). Ils jouent donc à la fois sur le Smartphone (59%) et les consoles de jeux (56%) mais aussi sur les ordinateurs (45%).
*Casual : Les jeux Casual sont des jeux conçus pour être accessibles à un large public. Ils ont des règles simples, une prise en main rapide et des sessions de jeu courtes. On les retrouve souvent sur mobile, consoles et PC, avec des genres variés comme les jeux de puzzle (Candy Crush®), de gestion légère (Animal Crossing®) – Casual Gamer : joueur qui joue aux jeux vidéo de manière occasionnelle et sans engagement intense
Pour les adultes âgés de 25 à 64 ans, la pratique semble se stabiliser autour d’un temps de jeu hebdomadaire plus faible mais l’étude ne permet pas d’avoir tous les éléments
Quant aux seniors de 65 ans et plus, ils représentent 12 % des joueurs, avec un âge moyen de 69 ans et un temps de jeu hebdomadaire de 4 heures et 49 minutes. 21% jouent plusieurs fois par jour et 29% tous les jours ou presque. Les jeux « Casual « et les jeux de stratégie figurent parmi leurs préférences.
Les femmes jouent de plus en plus.
Le rapport met également en évidence le rôle croissant des femmes dans l’univers du jeu vidéo. Les femmes représentent 49 % des joueurs, soit environ 18,7 millions de joueuses. 66 % des femmes jouent aux jeux vidéo et consacrent en moyenne 5 heures et 12 minutes par semaine à cette activité. 21% jouent plusieurs fois par jour et 27% tous les jours ou presque. Les genres de jeux les plus prisés par les femmes incluent essentiellement les jeux casual et les jeux mobiles (41%), les jeux de plateforme (26%) et les jeux sociaux (25%). Le smartphone reste ainsi le support préféré des joueuses, utilisé par 61 % d’entre elles.
Une dimension sociale du jeux vidéo
La dimension sociale et communautaire du jeu vidéo est également importante. 59 % des joueurs estiment que le jeu vidéo permet de créer du lien social, et 31 % d’entre eux déclarent avoir un sentiment d’appartenance à une communauté. Ce sentiment est particulièrement fort chez les jeunes, notamment chez les 10-14 ans, où il atteint 53 % et les 15-24 ans où il atteint 45%. Par ailleurs, 44 % des joueurs ont rencontré d’autres membres de leur communauté via Internet, et 33 % ont noué des contacts lors d’événements publics ou privés.
Des conclusions qui appellent à la prudence
L’usage des jeux vidéo en France en 2024 est une pratique culturelle et sociale ancrée dans le quotidien de millions de personnes. Bien que la diversité des supports et la dimension sociale du jeu soient des éléments positifs, la fréquence élevée de jeu, en particulier chez les jeunes, appelle à une vigilance.
En effet, l’étude montre que près d’un joueur sur deux joue tous les jours. Cette fréquence élevée de jeu témoigne d’une place prépondérante du jeu pour une partie significative de la population, particulièrement chez les plus jeunes. Les adolescents âgés de 15 à 24 ans, la génération Z, consacrent en moyenne près de 7 heures par semaine aux jeux vidéo (6 heures et 56 minutes) mais surtout 55% jouent tous les jours donc 24% jouent plusieurs fois par jour. Ils sont surtout « multi-plateformes » et « multi-Genres » témoignant qu’ils jouent aussi bien dans les transports sur leur smartphone qu’à la maison sur une console de jeux ou sur un ordinateur.
Le jeu peut ainsi venir progressivement empiéter sur d’autres activités telles que les études, le sommeil ou les interactions sociales hors du cadre virtuel.
Concernant la dimension sociale du jeu vidéo qui est mise en avant, il est important de s’interroger sur la nature de ces interactions. Le sentiment d’appartenance à une communauté virtuelle est particulièrement fort chez les jeunes, ce qui peut les exposer à une forme de « dépendance psychologique », une recherche constante de validation sociale et d’appartenance dans un univers virtuel qui peut entraîner une déconnexion progressive du monde réel, au détriment des relations familiales et amicales hors écran.
Le rapport souligne la complémentarité des supports de jeu comme un atout, cette multiplicité d’options peut surtout constituer un facteur aggravant du risque de dépendance. En effet, la possibilité de jouer à tout moment, que ce soit sur smartphone, ordinateur ou console, rend difficile l’instauration de limites et d’un cadre temporel sain.
Référence :
- L’Essentiel du jeu vidéo – Les jeux vidéo et les Français – Octobre 2024 – Pour télécharger le document (15,4 Mo)