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Typologie des joueurs : le modèle de BrainHex

Par le MédecinGeek


Pourquoi certains joueurs recherchent-ils l’adrénaline du danger, tandis que d’autres préfèrent résoudre des énigmes complexes ou explorer des mondes ouverts ? Le modèle BrainHex, fruit des travaux de trois chercheurs passionnés par les jeux vidéo et les sciences cognitives, propose une réponse innovante en s’appuyant sur les fondements de la neuropsychologie. Conçu à la croisée des neurosciences, de la psychologie cognitive et du game design, BrainHex va plus loin que les typologies classiques des joueurs. Il ne se contente pas de décrire des comportements : il explore les mécanismes cérébraux à l’origine du plaisir vidéoludique. Cet article vous invite à découvrir ce modèle fascinant, qui éclaire d’un jour nouveau la diversité des profils de joueurs et les émotions qu’ils recherchent à travers le jeu.

Le Modèle BrainHex : Une Approche Neuropsychologique des Joueurs de Jeux Vidéo

Le modèle BrainHex a été développé par Lennart Nacke, Chris Bateman et Regan Mandryk, trois chercheurs spécialisés dans l’analyse des jeux vidéo, des comportements des joueurs et des interactions homme-machine.
Lennart Nacke est un chercheur reconnu en game design et en gamification. Il s’intéresse particulièrement à l’intersection entre psychologie cognitive et expériences vidéoludiques.
Chris Bateman est un designer et théoricien du jeu, connu pour ses travaux sur les typologies de joueurs et les mécaniques de jeu.
Regan Mandryk est une experte en neurosciences cognitives appliquées aux jeux vidéo, ayant étudié l’impact des jeux sur les émotions et le bien-être des joueurs.

Le modèle BrainHex a été publié en 2011, dans un contexte où les chercheurs tentaient de mieux comprendre les liens entre réponses neurologiques, émotions et comportements des joueurs. Contrairement aux typologies précédentes, qui reposaient principalement sur des enquêtes et des observations comportementales, BrainHex s’appuie sur les avancées en neurosciences et psychologie cognitive pour expliquer pourquoi les joueurs réagissent différemment à certaines expériences de jeu.
Les auteurs du modèle BrainHex cherchaient à combler un vide dans les classifications existantes des joueurs. Avant eux, les modèles de Bartle (1996), Yee (2006) et Lazzaro (2004) avaient défini des profils basés sur les motivations, les comportements ou les émotions des joueurs, mais aucun ne prenait en compte les mécanismes cérébraux et les réponses physiologiques qui influencent la manière dont les individus perçoivent et réagissent aux jeux.

L’objectif principal du modèle BrainHex était donc de Relier les préférences de jeu aux réponses neurologiques et aux structures du cerveau impliquées dans l’engagement et le plaisir vidéoludique. Mieux comprendre comment les jeux déclenchent des émotions et des comportements spécifiques, en s’appuyant sur les théories du système limbique, du cortex préfrontal et des récompenses dopaminergiques.

Le modèle BrainHex identifie sept profils de joueurs, chacun correspondant à une réponse émotionnelle et cognitive particulière aux jeux

Seeker (Chercheur) :
Ces joueurs sont motivés par l’exploration et la découverte. Ils apprécient les mondes ouverts, les quêtes secondaires et les jeux qui offrent des mystères à résoudre. Leur cerveau est stimulé par la curiosité et l’activation du système de recherche de récompenses.
>>> Exemples de jeux : The Legend of Zelda®, No Man’s Sky®, Elden Ring®.

Survivor (Survivant) :
Attirés par les expériences intenses, ces joueurs recherchent des sensations fortes et des frayeurs. Ils aiment les jeux d’horreur et les scénarios où la survie est un enjeu clé, déclenchant ainsi leur réponse au stress et au danger (activation de l’amygdale).
>>> Exemples de jeux : Resident Evil®, Alien: Isolation®, The Forest®.

Daredevil (Casse-cou) :
Ces joueurs aiment la prise de risques et l’adrénaline. Ils apprécient les jeux de vitesse, les cascades et les défis où la précision et le réflexe sont essentiels. Leur plaisir vient de la montée d’adrénaline et de l’activation du système de récompense rapide.
>>> Exemples de jeux : Burnout Paradise®, Tony Hawk’s Pro Skater®, Mirror’s Edge®.

Mastermind (Maître) :
Motivés par la stratégie et la planification, ces joueurs apprécient les jeux nécessitant une réflexion complexe et une anticipation des actions. Leur satisfaction vient de l’activation du cortex préfrontal, responsable de la prise de décision et de la résolution de problèmes.
>>> Exemples de jeux : Civilization®, XCOM®, Factorio®,.

Conqueror (Conquérant) :
Ces joueurs sont portés par la compétition et la victoire. Ils aiment affronter des adversaires et démontrer leur supériorité, ce qui active leur système de récompense dopaminergique en cas de succès.
>>> Exemples de jeux : Street Fighter®, League of Legends®, Call of Duty®.

Socialiser (Socialisateur) :
La dimension sociale du jeu est essentielle pour ces joueurs. Ils privilégient les jeux coopératifs, les MMORPG et les expériences de groupe. L’activation de l’hormone de l’ocytocine, liée à l’attachement social, joue un rôle clé dans leur engagement.
>>> Exemples de jeux : Animal Crossing®, Final Fantasy XIV®, Among Us®.

Achiever (Accomplisseur) :
Ces joueurs sont motivés par l’atteinte d’objectifs et la collection de récompenses. Ils aiment progresser, débloquer des trophées et maximiser leurs performances, ce qui stimule leur système de gratification et de progression. >>> Exemples de jeux : World of Warcraft®, Pokémon®, Assassin’s Creed®.

Le modèle BrainHex représente une avancée majeure dans la compréhension des comportements des joueurs. En intégrant les neurosciences aux études sur les jeux vidéo, il permet d’expliquer non seulement pourquoi les joueurs choisissent certains types de jeux, mais aussi comment leur cerveau réagit à ces expériences. Son impact est significatif pour les concepteurs de jeux, les chercheurs en psychologie et en addictologie, ainsi que pour les entreprises cherchant à optimiser l’expérience utilisateur. Plus qu’une simple classification, BrainHex constitue un véritable outil scientifique pour comprendre le lien profond entre le jeu et la cognition humaine.


Référence :

  • Nacke LE, Bateman C, Mandryk RL. BrainHex: A Neurobiological Gamer Typology Survey.” Entertainment Computing. 2014;5(1), 55-62
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