La toxicité dans les jeux vidéo en ligne est devenue un phénomène préoccupant pour les joueurs. Insultes, harcèlement, propos discriminatoires et comportements hostiles rythment parfois des sessions de jeu qui devraient avant tout rester des espaces de divertissement. Aux États-Unis, plusieurs études et classements ont tenté de mesurer et de représenter visuellement ce niveau de toxicité, mettant en lumière des communautés où les abus sont fréquents et impactent le bien-être psychologique des joueurs. Il nous paraît essentiel de partager ces éléments pour vous alerter sur ces environnements à risque et accompagner les joueurs mais aussi les parents dans le choix des jeux.
Plusieurs classements ont été établis depuis plusieurs années pour identifier les communautés de jeux vidéo les plus toxiques aux États-Unis. Ces classifications existent pas ou peu en France alors que des jeux paraissant trés sympa sont en fait très toxiques de part leur communauté.
Ainsi selon un article de GameTree, des jeux sont souvent cités pour leur toxicité
– Counter-Strike® – Global Offensive (CS:GO) et Counter-Strike® 2 (CS2) : Ces jeux sont connus pour une communauté où les abus verbaux et le « griefing » sont courants.
– League of Legends® (LOL) : La communauté de ce jeu est réputée pour le harcèlement et les abus textuels fréquents.
– Call of Duty®: Les joueurs signalent des comportements sexistes, racistes et des abus verbaux au sein de la communauté.
– Dota 2® : La toxicité se manifeste souvent par des abus verbaux, du racisme et du « Trolling« .
– Valorant® : Les comportements sexistes et le harcèlement sont des problèmes notables dans ce jeu.
– Rust® : Les abus verbaux et un langage « coloré » sont fréquemment observés parmi les joueurs.
Ces classements se basent sur des observations générales et peuvent varier en fonction des expériences individuelles. Il est important de noter que toutes les communautés de joueurs ne sont pas toxiques et que de nombreux joueurs promeuvent un environnement de jeu positif et inclusif.
Des vidéos pour mieux comprendre
WatchMojo, la chaîne référente de la pop-culture, a publié deux vidéos intitulées “ Le TOP 10 des communautés toxiques du jeu vidéo » qui explorent ce sujet en profondeur. Regardez les vidéos : vous comprendrez rapidement…
Aux États-Unis une prise de conscience depuis longtemps
Aux États-Unis, l’ampleur de la toxicité au sein du monde du jeu a été mise en lumière par le « Gamergate » en 2014, lorsqu’un certain nombre de joueuses se sont exprimées sur la façon dont elles avaient été soumises à une campagne prolongée de harcèlement, d’intimidation et même de menaces de mort de la part d’autres utilisateurs en ligne. Un monde de misogynie, de colère et de préjugés est alors apparu au grand jour. Les données de l’enquête mondiale sur les consommateurs (GCS) de Statista montrent que près d’un joueur américain sur cinq affirme que les comportements toxiques et le sexisme sont des problèmes fréquents au sein de la communauté des joueurs.
Le site Américain, « The Watch« , est le premier système d’évaluation qui surveille le racisme, la discrimination sexuelle et la toxicité générale dans les communautés de jeux en ligne. Son objectif est de rendre les jeux plus sûrs pour tous les joueurs. Le classement est crée en fait par les alertes en temps réel des joueurs ce qui permet de définir le type de contenu.
Les Tier Lists : quand les joueurs évaluent la toxicité
Dans l’univers du jeu vidéo, les Tier Lists sont des classements créés par les joueurs eux-mêmes pour hiérarchiser divers aspects des jeux, comme la puissance des personnages ou la difficulté des niveaux. Mais ces listes servent aussi à mesurer la toxicité des communautés. Sur des sites spécialisés comme TierMaker, les joueurs partagent leurs expériences en attribuant aux jeux des niveaux de toxicité, allant de “peu toxique” à “extrêmement toxique”. Bien qu’elles reposent sur des ressentis subjectifs, ces Tier Lists offrent un aperçu collectif des environnements les plus hostiles et permettent de repérer les titres où les comportements nuisibles sont particulièrement fréquents. Utilisées massivement, elles deviennent de véritables baromètres communautaires et aident à sensibiliser sur l’importance de préserver des espaces de jeu plus respectueux et sains.
En France, la toxicité des jeux est moins bien identifié
En France, une étude en 2019 réalisé par « Anti-Defamation League » (ADL) a révélé que 74 % des adultes jouant à des jeux multijoueurs en ligne ont été victimes de formes de harcèlement, incluant des insultes basées sur l’identité, l’origine ethnique, le sexe ou l’orientation sexuelle, ainsi que du harcèlement criminel, sexuel et des menaces physiques. De plus, un rapport de cette même association a mis en lumière la présence de contenus antisémites et extrémistes sur la plateforme de jeux vidéo Steam®, avec environ 1,83 million de contenus de nature extrémiste ou haineux identifiés.
En octobre 2022, la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT (DILCRAH), la Direction interministérielle du numérique (DINUM) et la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP) ont mise en place un groupe de travail réunissant des acteurs du monde du jeu vidéo pour identifier de nouvelles façons de favoriser des environnements de jeu positifs. Ce travail a abouti à une présentation de principes et de conseils pratiques pour la création et la diffusion d’un code de conduite. Les auteurs identifient les principaux déterminants du comportement toxique dans les jeux vidéo et recensent différents leviers d’actions potentiels. Vous pouvez télécharger la présentation
Petite explication des termes :
- Griefing : Dans la plupart des jeux vidéo, il est entendu que les joueurs doivent travailler ensemble pour atteindre le même objectif. Le griefing va à l’encontre de ce concept et par le terme de griefer, on désigne les personnes qui tentent délibérément d’entraver les chances de succès de leur équipe dans un jeu.
- Trolling : Dans les jeux vidéo, le trolling désigne un comportement volontairement provocateur ou perturbateur adopté par un joueur dans le but de nuire à l’expérience des autres. Le “troll” cherche souvent à susciter des réactions négatives, telles que la colère, la frustration ou l’abandon de la partie, en utilisant des stratégies variées. Cela peut passer par des propos moqueurs ou insultants dans le chat, des actions de sabotage (comme empêcher ses coéquipiers de jouer correctement), ou encore des comportements absurdes et répétitifs qui détériorent l’ambiance de jeu.
- Flaming : Insultes et langage abusif visant des coéquipiers ou adversaires via le chat. Les joueurs expriment leur frustration en insultant ou en critiquant violemment le jeu de leurs coéquipiers.
- Feeding : Mourir intentionnellement pour avantager l’équipe adverse, souvent en raison d’une dispute ou par pure provocation.
- Pinging excessif : Utilisation abusive des signaux de jeu pour harceler ou déstabiliser un joueur. Ce comportement peut rapidement devenir une forme de harcèlement qui pousse les joueurs à la faute ou à l’abandon.
- Quitting : Quitter la partie de manière volontaire, souvent par frustration, ce qui pénalise lourdement l’équipe restante.
- Sniping/Ghosting : Espionner un adversaire via son stream pour prendre un avantage déloyal, faussant complètement l’esprit compétitif du je
Références :
- Article complet de GameTree (En Anglais)
>>> Lien - How Toxic Is the Gaming Community? Anna Fleck Aout 2022. Statista.com
>>> Lien - Tierlisting games based on TOXICITY.
>>> Lien - Croix gammées, portraits d’Adolf Hitler… Sur les forums de Steam, boutique de jeux vidéo en ligne, les contenus haineux sont légion. Le Monde. 15 novembre 2024
>>> Lien - Civisme et jeux vidéo : l’éclairage des sciences comportementales. Synthèse du rapport. Direction Interministérielle de la Transformation Publiques. Octobre 2022.
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