Pour cette cinquième édition du Baromètre, la MILDECA et Toluna Harris Interactive dressent un tableau détaillé des usages numériques des Français. L’étude explore non seulement la place du numérique dans la vie quotidienne, mais aussi les liens entre ces pratiques, les réseaux sociaux, les contenus d’influenceurs et le sentiment de détresse psychologique. L’ensemble repose sur un échantillon représentatif de 2 074 personnes âgées de 18 ans et plus, interrogées en ligne entre le 26 septembre et le 2 octobre 2025.

Des pratiques numériques omniprésentes dans le quotidien
Les Français apparaissent massivement connectés. Les usages les plus ancrés concernent la communication en ligne, qu’elle soit personnelle ou professionnelle : deux tiers de la population échangent chaque jour avec leurs proches et 61 % le font dans un contexte de travail ou d’études. La quête d’informations rythme également le quotidien, puisque plus d’un Français sur deux recherche des nouvelles ou des contenus de loisirs chaque jour. Le visionnage de contenus sur les réseaux sociaux s’impose dans la même proportion. Certaines activités sont moins systématiques mais restent très répandues. Les plateformes de streaming attirent quotidiennement 44 % de la population, tandis que 36 % jouent à des jeux vidéo tous les jours. Plus d’un Français sur cinq recourt quotidiennement à l’intelligence artificielle.
Une jeunesse nettement plus connectée
Les comportements numériques varient fortement selon l’âge et les plus jeunes se singularisent par une hyperconnexion marquée. Quatre jeunes sur cinq âgés de 15 à 24 ans communiquent quotidiennement en ligne et leur présence sur les réseaux sociaux dépasse largement celle du reste de la population : 83 % en regardent des contenus chaque jour contre 54 % en moyenne. Cette intensité se retrouve également sur les plateformes de streaming, fréquentées quotidiennement par plus de 60 % des moins de 35 ans et dans la pratique du jeu vidéo où la moitié des jeunes joue chaque jour. Les différences entre sexes apparaissent plus modérées, même si les hommes se distinguent par une pratique légèrement plus soutenue des jeux vidéo, des jeux d’argent. Les femmes, quant à elles, regardent un peu plus de contenus sur les réseaux sociaux.

Une connexion qui s’entrecroise avec la “détresse psychologique”
L’étude met en évidence un lien entre l’intensité des pratiques numériques et le niveau de détresse psychologique déclaré. Ainsi, les personnes se disant les plus fragiles psychologiquement consomment plus fréquemment tous les types de contenus mesurés. Ainsi, 68 % d’entre elles regardent quotidiennement des contenus sur des plateformes de streaming, contre 44 % en moyenne et 53% jouent aux jeux vidéo chaque jour contre 36% en moyenne. Les jeunes sont également surreprésentés dans la catégorie des personnes en détresse psychologique : 17 % des 15-24 ans et 13 % des 25-34 ans relèvent du groupe le plus fragilisé contre 9 % pour l’ensemble des Français. L’étude ne conclut pas à un lien causal entre usage intensif et mal-être, mais souligne l’existence d’un chevauchement significatif entre sur-connexion, jeunesse et fragilité psychologique.
Une dépendance numérique largement ressentie
Un trait saillant de l’étude réside dans le sentiment de dépendance exprimé par les Français. Une très large majorité de ceux qui pratiquent une activité numérique déclarent passer plus de temps que prévu, parfois ou souvent. Ce débordement est particulièrement fréquent pour le visionnage de contenus en ligne : près d’un Français sur deux concède le faire souvent. De manière similaire, la moitié estime passer plus de temps que prévu à s’informer et presque autant à communiquer en ligne. La perception d’un usage excessif est également marquée, notamment pour les contenus en ligne que 49 % jugent trop fréquents ou trop importants. Les jeux vidéo et la communication en ligne suscitent des préoccupations comparables respectivement pour 40% et 35%. Ce sont également ces activités que les Français tentent le plus souvent de réduire ou d’arrêter, mais sans succès pour une majorité d’entre eux. Les moins de 35 ans et les personnes en détresse psychologique sont, là encore, les plus vulnérables face à ce sentiment de perte de contrôle.

Les effets concrets de cette dépendance ressentie
Les comportements numériques entraînent des conséquences très concrètes dans la vie quotidienne. Plus de la moitié des personnes concernées (60%) reconnaissent reporter leurs obligations professionnelles ou personnelles à cause de leurs activités en ligne. Ces pratiques se prolongent souvent dans des contextes où elles entrent en concurrence directe avec d’autres besoins essentiels. Quatre Français sur dix continuent à regarder des contenus, échanger ou s’informer pendant les repas, et les proportions sont encore plus élevées au moment d’aller se coucher.
L’usage intensif des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux occupent une place massive dans la vie numérique : 64 % des Français y passent au moins une heure par jour et plus d’un sur cinq y consacre trois heures ou davantage. Ce chiffre grimpe à 56 % chez les 15-24 ans, ce qui en fait un usage quasi-structurant de leur quotidien. Le sentiment de dépendance est particulièrement élevé sur ces plateformes : 79 % des utilisateurs estiment y passer plus de temps que prévu et près d’un sur deux ressent cet excès de manière fréquente. Ce phénomène est encore plus prononcé chez les jeunes de 15 à 24 ans avec 80% qui ressentent cet excès de manière fréquente. L’usage actif des réseaux sociaux afin de développer une audience concerne plus de la moitié des utilisateurs, notamment les jeunes et les hommes. Près d’un utilisateur sur cinq indique même vouloir développer une véritable communauté d’abonnés.

Une forte exposition aux influenceurs
Les contenus d’influenceurs sont massivement consultés : près de trois quarts des utilisateurs de réseaux sociaux les regardent au moins occasionnellement et 41 % de manière fréquente. Les principaux réseaux sociaux sont Youtube (63%), Instagram (62%), Facebook (49%) et TikTok (46%). Les jeunes et les personnes en détresse psychologique y sont particulièrement sensibles. Ils sont non seulement plus nombreux à consulter les contenus d’influenceurs, mais ils sont aussi davantage convaincus de leur impact sur leur mode de vie ou leur manière de penser.
Une perception globalement négative des réseaux sociaux
Malgré leur usage massif, les réseaux sociaux sont majoritairement perçus comme ayant un impact négatif sur la société : 70 % des Français partagent ce point de vue, y compris une part importante des jeunes (60% pour les 15-24 ans) Dans cette atmosphère de méfiance, l’idée d’une régulation plus stricte trouve un écho fort : près de neuf Français sur dix se disent favorables à une interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 13 ans, et sept sur dix pour les moins de 15 ans.
Conclusion
L’édition 2025 du Baromètre met en évidence une société massivement connectée, où les usages numériques occupent une place centrale dans la vie quotidienne. La jeunesse apparaît au cœur de cette dynamique, cumulant hyperconnexion, exposition accrue aux réseaux sociaux et niveau plus élevé de détresse psychologique. La frontière entre usage et dépendance devient parfois floue, comme en témoignent les débordements de temps, les reports d’obligations et la difficulté à réduire certaines pratiques.
Dans ce paysage numérique dense, l’influence occupe un rôle structurant, tandis que la perception globale des réseaux sociaux reste largement négative, renforçant l’idée d’une nécessaire maîtrise de ces outils au sein de la société.
Références :
- Communiqué de Presse – Baromètre MILDECA / Toluna Harris Interactive 2025
>>> Lien vers le site - Document de Synthèse sur le Baromètre des comportements numériques 2025
>>> Téléchargement (Pdf – 164 Ko) - Chiffres clés du Baromètre 2025
>>> Téléchargement (Pdf – 602 Ko)
