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Les différents joueurs

Par le MédecinGeek
Publié : Dernière mise à jour le 128 vues

Comprendre les profils de joueurs : entre engagement et dépendance

Les jeux vidéo occupent désormais une place importante dans les différents divertissements qui existent et attirent des millions de joueurs qui ont des profils variés. L’étude récente du Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs (SELL) en Octobre 2024 pour la France objective ainsi que prés de 52 % de la population en France jouent aux jeux vidéo. Certains s’y adonnent de manière occasionnelle, d’autres en font un véritable loisir, tandis que certains peuvent développer une pratique excessive, voire problématique. Déjà en 1996, avec les premiers jeux vidéo, on a pu observé différents profils de joueurs. Depuis des termes spécifiques permettent de catégoriser les joueurs de jeux vidéo en fonction de leur engagement et de leur relation aux jeux vidéo. Des « Casual Gamers » aux « Problematic Gamers« , en passant par les « Hardcore Gamers« , ces dénomination, issues à la fois de la culture du jeux vidéo mais aussi paradoxalement de la recherche scientifique, nous permettent de comprendre les différentes pratiques. Cet article propose une exploration de ces catégories et de leur signification, en mettant en lumière les nuances entre passion, habitude et dépendance. Et vous, quel type de joueur êtes-vous ?

Les MUDs (Multi-User Dungeons): la première typologie des joueurs

Le premier modèle pour différencier les différents joueurs de jeux vidéo est apparu en 1996 par Richard Bartle. Il a développé ainsi un modèle à partir de son observation des joueurs de MUDs (Multi-User Dungeons). Ces premiers jeux en ligne étaient basés sur du texte et il fallait beaucoup d’imagination à l’époque, mais c’était le début. Par la suite les ordinateurs devinrent plus puissants et Internet a permis une connexion en ligne et c’est à cette époque que les premiers MMORPG (Massively Multiplayer Online Role-Playing Games) virent le jour.

LostSouls (MUD) : Scène de combat contre un ennemi textuelle.

Richard Bartle a présenté dans un article intitulé Hearts, Clubs, Diamonds, Spades: Players Who Suit MUDs, qui est devenu une référence dans le domaine,la première typologie de joueurs. Il présentait quatre profils de joueurs, basés sur deux axes : « action versus interaction » et « centré sur soi versus centré sur les autres« . Ces profils sont les suivants et vous vous reconnaitrez probablement parmi ces derniers 🙂

1. Les Tueurs (Killers)

Joueurs qui cherchent à dominer les autres joueurs, souvent par le combat ou la compétition. Ils apprécient les mécaniques PvP (Player Versus Player – Joueur contre Joueur). Ils peuvent se montrer agressifs ou stratèges, cherchant à exploiter les failles du système pour gagner.
Exemples : joueurs de FPS compétitifs (Counter-Strike®, Call of Duty®), Arènes PvP (World of Warcraft®).

2. Les Performeurs ou Réalisateurs (Achievers)

Il s’agit de joueurs axés sur l’accomplissement personnel. Ils veulent obtenir des succès, atteindre des objectifs, maximiser les scores. Ils aiment collecter des récompenses, compléter les quêtes, débloquer des trophées.
Exemples : joueurs cherchant à monter au classement dans des jeux en ligne (League of Legends® – LoL).

3. Les Explorateurs (Explorers)

Ces joueurs sont passionnés par la découverte des mécaniques du jeu et des secrets cachés. Ils aiment expérimenter les systèmes, trouver des bugs, explorer les moindres recoins du monde virtuel.
Exemples : joueurs de jeux ouverts comme The Legend of Zelda®, Minecraft®, ou ceux qui passent du temps à comprendre les mécaniques dans Dark Souls®.

4. Les Socialisateurs (Socializers)

Ces joueurs cherchent principalement l’interaction humaine et l’immersion dans la communauté du jeu. Ils privilégient ainsi la coopération, l’entraide, et apprécient les jeux offrant des possibilités de communication et de rôleplay (Jouer un rôle).
Exemples : joueurs de MMORPG (World of Warcraft®, Final Fantasy XIV®) qui passent du temps à discuter ou à organiser des événements en jeu.

Typologie de Richard Bartle

Ce modèle est très intéressant et peut déjà permettre de classer les joueurs de jeux vidéo, mais étant basé sur les MUDs, il ne s’applique plus parfaitement aux jeux modernes. En effet, les joueurs peuvent associer plusieurs profils (exemple : un joueur peut être à la fois Achiever et Socializer) dans les nouveaux jeux vidéo. On peut utiliser encore cette typologie pour les joueurs de MMPORG mais cela reste discutable.

Les classifications plus récentes des joueurs

Depuis la typologie de Bartle, plusieurs chercheurs ont proposé des classifications alternatives pour mieux comprendre les motivations et les comportements des joueurs de jeux vidéo. Voici quelques-unes des typologies qui ont été décrites. Ce qui est important à comprendre c’est qu’une certaine catégorie de joueurs, par leur façon de jouer, auront une tendance à s’orienter vers une pratique excessive du jeu vidéo.

TypologieAuteurDescription
Modèle de Nick YeeNick Yee (2006)Modèle basé sur les motivations des joueurs en ligne, divisé en trois catégories principales : Accomplissement, Socialisation et Immersion.
Modèle de Nicole LazzaroNicole Lazzaro (2004)Analyse des émotions et des motivations des joueurs, identifiant quatre types de plaisir : Hard Fun, Easy Fun, Serious Fun et People Fun.
Modèle BrainHexNacke, Bateman & Mandryk (2011)Typologie basée sur les neurosciences et les réponses émotionnelles des joueurs, avec sept archétypes : Seeker, Survivor, Daredevil, Mastermind, Conqueror, Socialiser et Achiever.
Modèle HexadAndrzej Marczewski (2015)Modèle utilisé en gamification, classant les joueurs en six types selon leurs motivations : Philanthropist, Achiever, Free Spirit, Achiever, Player et Disruptor.
Typologies récentes des joueurs de jeux vidéo

Typologie des joueurs selon la littérature scientifique la plus utilisée

Les joueurs occasionnels → les « Casual Gamers« 

Ce terme est couramment utilisé pour désigner les individus qui jouent aux jeux vidéo de manière ponctuelle, souvent sur mobile ou console, sans investissement significatif en temps ou en argent. Ils jouent principalement pour le divertissement et la détente, sans rechercher un challenge intense. Les joueurs occasionnels ont une approche récréative du jeu et sont rarement concernés par les problématiques d’addiction ou d’impacts négatifs sur leur vie quotidienne. Leur activité de jeu est principalement motivée par la relaxation et le plaisir, sans interférer avec leurs obligations professionnelles ou sociales.

Les joueurs réguliers → Les « Core Gamers« 

Les joueurs réguliers investissent davantage de temps et d’intérêt dans les jeux vidéo. Ils s’informent sur l’actualité du gaming, testent plusieurs jeux et recherchent une certaine expertise sans pour autant compromettre leur vie sociale ou professionnelle. Ces joueurs équilibrent généralement bien leurs activités vidéoludiques et leur vie personnelle. Ils peuvent développer une forte implication dans certaines communautés en ligne, mais sans effets négatifs notables sur leur bien-être.

Les joueurs excessifs → Hardcore Gamers

Traditionnellement, les hardcore gamers sont des joueurs passionnés qui consacrent beaucoup de temps aux jeux vidéo. Ils recherchent du défi, maîtrisent des mécaniques complexes et s’investissent pleinement dans leurs expériences de jeu. Toutefois leur activité vidéoludique devient excessive. Les joueurs très investis développent souvent un attachement fort aux jeux compétitifs et immersifs (MMORPG, FPS, etc.), ce qui peut conduire à des comportements de jeu excessifs. Cependant, tous les hardcore gamers ne sont pas nécessairement addicts, et leur engagement peut être motivé par des aspects sociaux ou compétitifs.

Les joueurs dépendants → Les « Addicted Gamers » ou « Problematic Gamers« 

Il n’existe pas de consensus universel sur un terme unique pour désigner ces joueurs, mais la littérature scientifique utilise souvent les termes de « Problematic Gamers » ou « Gaming Disorder » qui est un trouble officiellement reconnu par l’OMS depuis 2018. Des recherches montrent que les joueurs dépendants présentent des symptômes proches de ceux des addictions classiques, avec un impact sur la santé mentale, le sommeil et la performance scolaire et professionnelle selon l’âge. Ainsi dans ce cas, il apparaît une perte de contrôle car le jeu devient une priorité par rapport aux autres activités et la poursuite du jeu va continuer malgré des conséquences négatives que nous détaillerons dans d’autres chapitres.


Références :

  • Kuss DJ, Griffiths MD. Internet gaming addiction: A systematic review of empirical research. International Journal of Mental Health and Addiction. 2015;10(2):278–296
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  • Braun B, Stopfer JM, Müller KW, Beutel ME, Egloff B. Personality and video gaming: Comparing regular gamers, non-gamers, and gaming addicts and differentiating between game genres. Computers in Human Behavior. 2015;55:406–12
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  • King DL, Delfabbro PH, Perales JC, Deleuze J, Király O, Krossbakken E, Billieux J. Maladaptive player-game relationships in problematic gaming and gaming disorder: A systematic review. Clin Psychol Rev. 2019;73:101777
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  • Bartle R. Hearts, Clubs, Diamonds, Spades: Players Who Suit MUDs. Journal of MUD Research. 1996
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  • Yee N. Motivations for play in online games. Cyberpsychol Behav. 2006;9(6):772-5
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  • Lazzaro N. Why We Play Games: Four Keys to More Emotion Without Story. Présentation à la Game Developers Conference. 2004.
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  • Nacke LE, Bateman C, Mandryk R L. BrainHex: A Neurobiological Gamer Typology Survey.” Entertainment Computing. 2014;5(1), 55-62
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  • Marczewski A. User Types. Even Ninja Monkeys Like to Play: Gamification, Game Thinking and Motivational Design. 2015:65-8
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  • Lemmens JS, Valkenburg PM, Gentile DA. The Internet Gaming Disorder Scale. Psychological Assessment. 2015;27(2):567–82
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